Santé

Publié le par René Caunes

"Le premier des buts à fixer, c’est de demeurer le pays du monde où la santé est la meilleure."

 Dès novembre 2005, François Bayrou a présenté sa vision de la politique de santé, tirant les enseignements d'une consultation par questionnaire à laquelle 11 200 médecins ont répondu. Une autre enquête a été conduite ensuite auprès des pharmaciens.
 

"Médecins et pharmaciens ne veulent plus être des boucs émissaires. Ils ont clairement dit leur défiance envers la réforme de 2004, et leur sentiment de n'avoir pas été écoutés. Ils représentent un gisement de compétences et d’expérience à nul autre pareil. Ils ne demandent qu’à participer à l’élaboration des évolutions nécessaires.
La réforme de 2004 n'a affronté aucun des problèmes majeurs. Elle a laissé l'hôpital de côté et mis en œuvre une médecine à plusieurs vitesses, elle en a transféré le coût sur les générations à venir, ce qui est inacceptable. Chaque génération doit financer ses dépenses.
Une loi-cadre devrait bannir tout report des dépenses de santé.

Que faut-il faire ?
Institutionnaliser la participation des professionnels de santé à la réflexion et à la décision.
Il faut donner à la gestion de nos politiques de santé une dimension régionale pour assurer l’égal accès de tous à des soins de qualité, pour obtenir, en responsabilisant les acteurs une maîtrise médicalisée des dépenses. Un Conseil régional de santé, où se retrouveront tous les acteurs de la santé, dont les patients, aura cette mission de veiller à l’adéquation entre offre et besoins.
Les établissements hospitaliers n'ont plus aucune autonomie aujourd'hui : je souhaite que l’on redonne un réel pouvoir à leurs Conseils d’administration; que le Directeur soit embauché par le Conseil d’administration pour appliquer le projet d’établissement, et qu’il soit responsable devant ce Conseil d’administration. Le principe d’un budget prenant en compte l’activité de l'hôpital, y compris les missions de service public, pour remplacer le budget global, est souhaitable, mais la mise en œuvre actuelle de la "T2A" est d'une complexité absurde et manque de transparence.
Le transfert des dépenses vers les "mutuelles" n'est pas une solution pour les maladies graves et l'hospitalisation. De toute façon, c'est toujours le citoyen qui paye. Pour rendre maîtrisable le coût de la santé, les réformes doivent changer l'organisation du système, et non, comme aujourd'hui, facturer purement et simplement les surcoûts aux personnes malades - instaurer un "franchise" ne ferait qu’aggraver cette tendance.
Le financement du système de santé pèse, aujourd'hui, trop sur le travail, pénalisant l’emploi ; nous devrons réfléchir à d'autres bases, comme la taxe environnementale ou la TVA sociale.

I l faut renforcer le rôle du médecin de famille comme acteur et responsable de la prévention, avec par exemple une consultation longue annuelle ; je pense en particulier à la prévention des cancers, de la maladie d'Alzheimer et de la dépendance. En revanche, je crois peu au médecin traitant comme distributeur de ticket d’accès gratuit au spécialiste : il serait souhaitable d'assouplir l'accès aux spécialistes, aux dermatologues par exemple.
Dans de nombreuses régions, on est au bord de la désertification médicale dans certaines spécialités, dont la psychiatrie de ville. Il faut une politique active de restauration du tissu médical. Je propose une revalorisation des bourses pour financer les études, en contrepartie de l’engagement de s'installer, pendant dix ans par exemple, dans un endroit qui en a besoin. On devrait également réfléchir à un numerus clausus régional, par spécialités.
Il faut créer des maisons médicales, en particulier dans les lieux où elles n'existent pas, les cantons ruraux ou les zones urbaines difficiles, pour mutualiser les moyens et lutter contre l'isolement des médecins.
Il y a en France un grand problème de la médecine psychiatrique. Le secteur de la santé mentale se sent abandonné. Parfois, les malades aussi ne trouvent plus de place dans cette société. Certains projets font même un amalgame entre délinquance et maladie mentale. Les plans innombrables signés en faveur de la psychiatrie n’ont pas été suivis d’effets. Il faut que les femmes et les hommes qui nous secourent dans les accidents, les drames de la vie, soient soutenus et aidés. Dans la psychiatrie comme dans d'autres spécialités, les réseaux ville-hôpital devraient permettre la continuité de soins adaptés aux besoins.

Il faut regarder la santé non pas comme une charge, mais comme un atout et un secteur de pointe."


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